"Les chemins de la liberté ?".
Je sors du lycée aux alentours des 18h30 la grande majorité des jours de la semaine, et bien que mon cursus scolaire ne soit à présent pas des plus ennuyeux, il me revient à chaque soir cette envie de monter sur ma board et de cruiser entre les voitures. Toujours aller plus vite, s'accrocher à cette portière, griller ce stop, passer ce feu rouge, toujours plus, toujours plus d'adrénaline, la musique à fond dans les oreilles pour tout oublier... Avec le temps qui passe, les jours qui raccourcissent...
Dans ce genre d'état de transe, dans ce genre de moment, on se sent comme transporté dans ces films de skate où les mecs sont toujours propres sur eux, rapides, nets et précis... stylés ! Ces vidéos qui te motivent avant les sessions, c'est là que tu les retrouves, sous forme de sensations.
Gare Saint Lazare, terrain hostile. La musique rythme mes pas mais je ne peux pas me résumer à marcher plus longtemps, marcher le long de ces couloirs, larges, longs, interminables. Le sol de marbre roule si bien, en plus ma board pèse lourd sous mon bras, et sur ma conscience. Roule ! Tu t'en fous ! Roule ! ... Je slalome entre tous ces gens, qui me parraîssent au ralenti, fatigués, effrayés, épuisés.
A la fin du film vient le retour à la réalité. J'ai roulé, roulé, roulé, et entendu ces policiers crier derrière moi, je crois même qu'ils couraient. Je m'installe rapidement, retire mon pull noir d'un geste frénétique, l'enfoui au fin fond de mon sac à dos dans lequel je trouve ce paquet de bonbon qui traine depuis "je ne sais quand ?". Je calle mon skate au plus profond possible au dessous du siège et enfile mon bonnet. "Le film est fini, pourquoi tu fais tout ça ? Tout le monde te regarde." - le train part.
"Il doit pas être loin !" "Je l'ai vu rentrer dans ce wagon là, avec sa planche." Ils passent, je regarde au dehors, rouge cramoisi - CLAC ! - la porte du wagon se referme...